Éducation nationale : recherche professeur désespérément

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iconeExtrait de l’hebdo n°3888

Les fédérations CFDT de l’enseignement public (Sgen) et privé (FEP) ont tiré un premier bilan de la rentrée scolaire, le 18 septembre. Elles ont chacune pointé du doigt le manque d’attractivité de l’ensemble des métiers, ce qui n’est pas sans conséquence sur le recrutement et la surcharge de travail des personnels en poste.

Par Jérôme Citron— Publié le 19/09/2023 à 12h00

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© Simon Lambert/Haytham-RÉA

À chaque rentrée des classes, sa réforme et ses annonces tonitruantes. Entre les questions sociétales (interdiction de l’abaya, port de l’uniforme, lutte contre le harcèlement, etc.) et les questions d’organisation (report des épreuves de spécialité de mars à juin pour les terminales, formation des enseignants contractuels, etc.), la rentrée 2023 n’aura pas fait exception à la règle. Pour les professionnels comme pour les familles, toutes ces annonces à l’emporte-pièce ont quelque chose d’insécurisant, expliquent les deux fédérations de l’enseignement lors de leur conférence de presse de rentrée.

Manque cruel d’enseignants

Prenons l’exemple du report des épreuves de spécialité. Les enseignants ne sont pas contre cette mesure en soi, mais cette dernière soulève de nombreuses questions : le programme sera-t-il le même ? comment vont s’organiser les corrections ? quelle sera l’incidence sur parcoursup ?, etc. Pour les enseignants mais aussi les personnels de direction, les conséquences des décisions à venir sont nombreuses.

La question du manque de professeur est également source d’exaspération. Alors que le gouvernement annonce 250 postes manquant dans toute la France, les remontées de terrain sont nettement plus alarmistes. « Nous ne sommes pas en mesure d’annoncer un chiffre précis, admet la secrétaire générale du Sgen-CFDT, Catherine Nave-Bekhti, mais il est certain que ce n’est pas 250. Rien que dans un seul département de l’académie de Versailles, il manquait 70 postes à la rentrée, nous indique notre syndicat local. »

Catherine Nave-Bekthi et Laurent Lamberdière (au centre), respectivement secrétaires généraux du Sgen-CFDT et de la FEP.
Catherine Nave-Bekthi et Laurent Lamberdière (au centre), respectivement secrétaires généraux du Sgen-CFDT et de la FEP.© Syndheb

Cette pénurie d’enseignants conduit le gouvernement à sacrifier une partie de la formation professionnelle afin de parer au plus pressé. « On voit bien que la question de l’attractivité du métier n’est pas réglée, affirme Laurent Lamberdière, secrétaire général de la FEP-CFDT. Le gouvernement relance d’ailleurs des discussions sur ce sujet. Les collègues refusent massivement de travailler plus pour gagner plus, ce que l’on tente de leur imposer. »

Défiance et lassitude des personnels éducatifs

Le baromètre de rentrée de la Fédération Formation et Enseignement privés est d’ailleurs sans équivoque quant à la défiance et la lassitude des personnels de l’enseignement privé. Moins d’un collègue sur cinq fait confiance au nouveau ministre quand il s’agit d’améliorer la rémunération, les conditions de travail ou tout simplement l’école ! « La rentrée à peine faite, nombreux sont les enseignants à se dire fatigués et découragés. Le privé sous contrat rencontre les mêmes problèmes que le public : classes surchargées, manque d’AESH pour les élèves en situation de handicap, atteintes à la laïcité, augmentation de la violence… », insiste Laurent Lamberdière.

À propos de l'auteur

Jérôme Citron
rédacteur en chef adjoint de CFDT Magazine

En cette rentrée des classes, les deux fédérations de la CFDT rappellent leur attachement à la mixité sociale dans les écoles, tant dans le public que dans le privé. À ce sujet, elles regrettent que le travail entamé avec l’ancien ministre Pap Ndiaye ne semble plus aujourd’hui prioritaire – alors même que le système éducatif français se polarise de plus en plus, au détriment de certains établissements en grande difficulté.