[Dossier 3/3] Quand la direction se tait, la section prend le relais abonné

Lorsque les salariés sont menacés de perdre leur emploi à cause de leur maladie ou font face à des employeurs peu compréhensifs, les sections CFDT sont là pour les défendre. Récits de deux sauvetages.

Par Maria Poblete— Publié le 06/02/2019 à 14h56

image

Jérémy Vandurme, 28 ans, est atteint de mucoviscidose depuis son plus jeune âge. En avril 2016, lorsqu’il se présente à l’entretien d’embauche d’une petite agence du groupe GTS Mondial assistance, dans le Nord, le jeune homme décide de jouer la carte de la sincérité. « J’ai expliqué que mon état de santé était fragile et qu’il occasionnait des rendez-vous médicaux impossibles à anticiper », explique-t-il.

Ses déclarations sont mises par écrit et la direction valide son CDD de trois mois comme technicien d’intervention. Jérémy, qui ne se ménage pas, parcourt alors en moyenne de 300 à 500 km par jour afin d’installer ou de réparer du matériel d’assistance chez les personnes âgées. Des efforts qui l’épuisent mais lui permettent d’obtenir, en août, un CDI.

Cependant, en octobre de la même année, à la suite de la visite médicale obligatoire à l’embauche, le diagnostic est sans appel : sa santé ne lui permet plus de travailler cinq jours par semaine. Le médecin lui recommande alors un temps partiel à 80 % – prendre tous ses mercredis pour alléger sa charge de travail. La direction refuse, arguant que le jeune homme a sciemment minimisé ses problèmes de santé jusqu’ici. Par ailleurs, la DRH souligne les difficultés organisationnelles qu’occasionnerait un temps partiel et fait planer sur Jérémy le risque d’un licenciement pour inaptitude et incapacité de reclassement dans le groupe. C’est alors que la section syndicale CFDT entre en jeu.

Jeremy ChralesdeWaele PatrickGaillardin« Nous leur avons fait valoir que Jérémy [photo ci-contre à gauche] n’avait peut-être plus que quelques années à vivre et qu’il était impensable de traiter quelqu’un comme ça », relate le délégué syndical CFDT Charles de Waele (photo ci-contre à droite). Dans les hautes sphères de l’entreprise, on ne s’émeut pas. La section décide alors de se mobiliser. « Nous avons évoqué auprès de la direction l’idée de désigner un expert dans le cadre des missions du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail pour mener une étude approfondie de la situation et dans l’attente… de faire des tracts auprès des salariés, afin de les alerter sur la situation. » La section n’aura pas besoin d’en passer par là pour obtenir satisfaction. Car, dans la foulée, Charles de Waele prend contact avec le médecin du travail : « Il a tout de suite compris la situation et a écrit un courrier en faveur de notre collègue à l’attention de l’employeur, en lui demandant des explications. » La lettre fait mouche : une semaine plus tard, Jérémy Vandurme obtient le droit de rester dans l’entreprise à temps partiel.

Deux ans plus tard, le jeune homme est un salarié reconnaissant envers l’entreprise et la section et se montre très engagé dans son travail. « Le fait de me sentir soutenu m’a sans doute aidé à me rassurer et à m’impliquer dans mes missions professionnelles. Aujourd’hui, je suis passionné par mon métier ! », assure Jérémy. Quant à la direction, « elle ne tarit pas d’éloges sur lui », se réjouit le délégué syndical Charles de Waele.

À Lille…

MohammedAeH Gaillardin CFDT2018À la mairie de Lille, la section syndicale CFDT est aussi montée au créneau afin de défendre des agents atteints d’affections de longue durée, en usant parfois de solutions radicales. Comme pour Mohammed Abou el Hassan (photo ci-contre), 42 ans. Pendant des…

Pour continuer de lire cet article, vous devez être abonné.

s'abonner

Déjà abonné ? Connectez-vous