[Dossier 3/3] Ces territoires qui passent au vert abonné

Métropoles, agglomérations, villes moyennes ou communes rurales : de nombreuses collectivités se lancent dans la transition écologique. Avec un degré d’engagement très variable.

Par Emmanuelle Pirat— Publié le 12/03/2019 à 16h32

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Des plus grandes villes aux plus petites communes, les territoires fourmillent d’initiatives en faveur de la transition écologique. Indéniablement, dans ce domaine, la France bouge. Les villes et villages français sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à rejoindre le réseau des villes en transition, lancé par le Britannique Rob Hopkins.

Certes, les nouveaux outils et moyens offerts par la loi de 2015, comme la création des « territoires à énergie positive pour la croissance verte » ou les plans climat-air-énergie territoriaux (PCAET), ont participé à cette dynamique territoriale. Mais l’élan provient pour l’essentiel d’initiatives locales, municipales ou associatives. Et les « pilotes » ne sont pas forcément les plus grandes villes ni les plus fortunées.

Loos-en-Gohelle, ancienne commune minière du Pas-de-Calais de 6 600 habitants, a réussi sa mue verte en une vingtaine d’années, passant de cité dépendante au charbon à un modèle de développement durable aujourd’hui cité en exemple.

À la clé : programme de rénovation urbaine (de nombreux logements, construits du temps de la mine et chauffés au charbon, gratuit à l’époque pour les habitants, étaient de véritables passoires thermiques) ; règles d’écoconstruction pour tous les nouveaux logements sociaux ; objectif d’autonomie énergétique avec l’installation de panneaux solaires sur tous les bâtiments de la ville (les toits de l’église Saint-Vaast ont déjà été équipés de 200m2 de panneaux solaires en 2013) ; récupération de l’eau de pluie sur tous les bâtiments publics pour entretenir les espaces verts… et la liste est encore longue !

Le tout conduit par une municipalité qui a fait de la participation citoyenne son moteur. Et qui encourage l’implantation de nouvelles activités en lien avec la transition énergétique sur le nouveau pôle de compétitivité installé sur l’ancien carreau de la mine (la fosse 11-19 rebaptisée Base 11/19). Une réussite qui n’est pas sans rappeler l’exemple du petit village alsacien d’Ungersheim (2 200 habitants), qui, depuis une vingtaine d’années, s’est également engagé dans une démarche de transition énergétique et écologique, en développant l’autonomie alimentaire, énergétique et la participation citoyenne. Et qui a inspiré le film documentaire de Marie-Monique Robin, Qu’est-ce qu’on attend ? (sorti en 2016).

Changement d’échelle

Qu’en est-il des territoires plus urbains, responsables de 67 % des émissions de gaz à effet de serre ? Dans son rapport de 2018, « Le défi climatique des villes », le WWF recense 489 engagements pour le climat pris par 171 villes et intercommunalités françaises. Un palmarès encore bien maigre au regard des enjeux. Alors bien sûr, il y a les grandes métropoles qui se sont fixé d’ambitieux objectifs.

En 2017, Paris, Bordeaux ou Strasbourg se sont par exemple engagés à atteindre 100% d’énergies renouvelables d’ici à 2050. Quant à Nantes Métropole, elle prévoit de diviser par deux ses émissions par habitant entre 2003 et 2030 (elle a déjà atteint – 20% entre 2003 et 2016). Innovante, la Métropole Rouen Normandie a lancé, en 2017, sa COP21 locale, en partenariat avec WWF France et l’Ademe. Une démarche qui s’est concrétisée, à la fin novembre 2018, par la signature d’un « accord de Rouen pour le climat », déclinaison territoriale de l’accord de Paris.

Avec l’idée que, pour atteindre les objectifs chiffrés (diviser par deux la consommation énergétique globale ou par quatre les émissions de gaz à effet de serre, par exemple), tous les acteurs du territoire doivent prendre leur part, à leur niveau : les administrations, les entreprises, les citoyens, les associations, etc. Et dans tous les domaines : mobilité, transports, construction, amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments… Pour l’heure, les 71 communes de l’agglomération ont signé l’accord, mais aussi les entreprises du port de Rouen, le groupe pharmaceutique Aspen, le centre régional hospitalier universitaire (CHRU), des grandes écoles situées sur le bassin, des bailleurs sociaux tout comme des commerçants (garagistes, restaurants…).

Axe de dialogue social

Dans cette dynamique territoriale, les organisations syndicales doivent encore trouver leur place. « On peut regretter que, dans ce genre d’initiatives, les syndicats ne soient pas encore suffisamment associés », note Blanche Fasola, chargée de mission développement durable à la Fédération CFDT-Interco. Pourtant, ils peuvent être moteurs.

La…

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