Emmanuelle Thomas
42 ans – Déléguée syndicale à la centrale nucléaire de Chinon.
J’ai toujours voulu être syndiquée. Mais en débutant chez Pfizer, à tout juste 20 ans, on m’a fait comprendre que ce n’était pas une «bonne idée». À la centrale de Chinon, un militant de la section CFDT passait régulièrement dans le service. J’ai adhéré en 2011. Un jour, il m’a vue discuter avec une collègue, également adhérente à la CFDT, et il nous a dit : «Engagez-vous !» Il avait besoin de monde sur le sujet du handicap et de l’égalité professionnelle femmes-hommes. J’ai dit oui pour rendre service. Et je me suis investie avec enthousiasme.
C’était comme une intime conviction : je ne voulais pas militer pour améliorer mon propre sort, j’ai senti que je voulais être utile à tous les salariés. En juin 2013, j’ai été élue suppléante au comité d’entreprise. Cela m’a permis
de participer à une formation EDF dans le cadre de la mise en application de l’accord égalité professionnelle. Ça m’a marquée ! Le formateur nous disait : « L’entreprise est un monde fait par les hommes pour les hommes. » Pourtant, je me sentais capable de faire la même chose qu’un homme ! Il fallait que je le prouve, et d’abord à moi-même ! J’ai voulu me défier, progresser, et comme on m’a rapidement proposé la présidence de la commission égalité professionnelle, j’ai pu immédiatement être active.
En tant que déléguée syndicale, depuis septembre 2016, je suis détachée à temps plein. Cela suppose de faire le deuil, au moins pour un temps, de mon métier. Mais c’est tellement gratifiant par ailleurs d’élargir son champ de compétences, de trouver des solutions pour les salariés [la centrale emploie 1 400 salariés dont 84 % d’hommes], d’établir des relations de confiance avec mes interlocuteurs. J’aime par-dessus tout être sur le terrain,…