Deuxième vague : Peur sur l’hôpital abonné

Les personnels de soins et d’accompagnement redoutent la « deuxième vague» de l’épidémie. Ils continuent de faire face malgré l’épuisement et le manque d’effectifs…
Les annonces sur la suppression des congés, les réorganisations du travail incessantes plombent leur moral.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 14/10/2020 à 13h37 et mis à jour le 14/01/2021 à 13h59

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« Nous observons l’évolution de la situation sanitaire avec appréhension et inquiétude, explique Catherine Ponnou Delaffon, secrétaire de la section CFDT du centre hospitalier intercommunal de Compiègne-Noyon (CHICN). Dans l’Oise, premier département français touché par le Covid-19, les agents du CHICN sont encore traumatisés par la « première vague ». Elle a laissé des traces indélébiles. « Est-ce que ma vie vaut 1 300 euros par mois ? Pourquoi est-ce que je dois sacrifier ma vie personnelle ? » Ces interrogations, les militants de la section CFDT du CHICN les entendent de plus en plus fréquemment. Alors quand ils observent, impuissants, la hausse des nouveaux cas en France et dans le département, ils s’inquiètent et s’interrogent sur leur avenir. « À la différence d’il y a huit mois, nous savons désormais ce qui nous attend. Et nous ne sommes pas prêts à revivre ça. Nous sommes épuisés », insiste Catherine Ponnou Delaffon. « On est tous très fatigués, ajoute Sabrina Barré, aide-soignante et militante CFDT, tant physiquement, que psychiquement. J’ai l’impression de ne pas avoir eu les moyens de faire correctement mon métier. C’est très dur à vivre comme situation. J’aime mon métier, mais si c’était à refaire… » Une détresse qui vient s’ajouter à la recrudescence des arrêts de travail, pour cause de coronavirus, de suspicion ou d’épuisement. 326 professionnels, soit 15 % des effectifs du CHICN, ont été testés positifs depuis le début de la crise sanitaire. Certains en portent toujours les séquelles. « Je veux qu’on me redonne ma vie d’avant. Je veux retrouver mes collègues, je veux aider, mais je suis tétanisée par la peur », explique Sophie Potau-Mathias, aide-soignante qui a perdu 22 kilos et développé des douleurs pulmonaires et abdominales depuis son infection. « Pour les soignants, il y a un avant et un après-Covid. Ils ont pris conscience qu’ils n’étaient pas invincibles », insiste Catherine.

Les hôpitaux sont à flux tendu

Pendant que les effectifs subissent les conséquences du Covid, les patients eux continuent d’être admis. À Compiègne, comme ailleurs, les établissements et les équipes fonctionnent à flux tendu. L’embauche de plus de 15 000 agents (création de 8 000 nouveaux emplois et pourvoi de 7 300 postes vacants), prévue dans l’accord du Ségur de la Santé, signé le 10 juillet dernier, n’est pas encore une réalité. « Nous sommes en sous-effectifs, confirme Sabrina. Lorsque le Premier ministre Jean Castex annonçait, fin août, que « le système hospitalier était prêt à une éventuelle seconde vague en termes de lits, (…) de réanimateurs », la perplexité restait de mise chez les soignants. Partout, les repos sautent, les organisations du travail sont modifiées, le stress s’accumule. En Île-de-France, l’inquiétude grandit…

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