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Extrait de l'hebdo n°3985
Dans le cadre de la Tournée Démocratie lancée par la Confédération, un premier débat s’est tenu à Douai le 28 octobre. L’occasion d’échanges fructueux et de prises de conscience.

Il est presque onze heures quand la quinzaine de militants (représentants de syndicat, militants de diverses entreprises, retraités…) inscrits au débat arrivent progressivement dans la salle de l’Union locale (UL) de Douai. Tous ont répondu à l’invitation de l’UL et de l’Union régionale interprofessionnelle des Hauts-de-France pour deux heures d’échange. « Il ne s’agit en aucun cas d’une formation ou d’un cours magistral sur la démocratie mais d’un moment d’échange entre nous », annonce en introduction Perrine Mohr, la secrétaire générale de l’URI.
Il ne s’agit pas non plus d’une discussion à bâtons rompus : il a été décidé que les échanges seront structurés en trois temps, autour des questions suivantes : Comment se porte la démocratie selon vous ? Et la démocratie sociale ? Est-ce que le syndicalisme est encore un contre-pouvoir ? Quels sont les principaux dangers qui pèsent sur la démocratie ? Thibaud Kurtz, responsable confédéral, rappelle ensuite quelques règles (bienveillance, respect…) avant de projeter à l’écran l’image d’un thermomètre afin que chacun puisse évaluer l’état de santé de la démocratie : de vert (« bon ») en passant par orange (« en réanimation ») jusqu’à rouge (« pronostic vital engagé »).
Perte de confiance
Les premières réactions, plutôt pessimistes concernant l’état de la démocratie, ne tardent pas. Selon Éric, la démocratie est en état de mort clinique, tant « les Français n’ont plus confiance ni dans les politiques ni dans les médias ». Plusieurs participants abondent : « Les politiques ne nous écoutent pas ! » Des résultats des législatives de 2024, ignorés par le Président Macron, ou des 49.3 à répétition se dégage « l’impression de ne pas être respectés ». Le rôle des médias est largement pointé dans ce délitement de la démocratie.

À propos de la démocratie sociale, l’appréciation du rôle des syndicats est mitigée. « Quand on distribue des tracts, on est bien accueilli. Les gens souvent nous disent : “Heureusement que vous êtes là”, “C’est bien, ce que vous faites”. Mais, ensuite, on a l’impression qu’ils se déchargent sur nous. Ils nous laissent aller au charbon. Eux ne s’impliquent pas. Ils semblent désabusés. » Plusieurs participants reviennent sur le tort que les ordonnances Macron ont causé aux élus de CSE et à leur possibilité d’agir dans les entreprises. « On a du mal à se défendre, maintenant, dans les boîtes », affirme un militant.
Un appel à la résistance
Le troisième temps de la matinée, articulé autour des principaux dangers qui pèsent sur la démocratie, fait apparaître trois éléments essentiels : le rôle des médias, les menaces que représentent l’extrême droite et toutes les forces qui désagrègent la société (les inégalités, le manque de dialogue, l’individualisme…). Après deux heures intenses, loin de succomber au découragement, une nouvelle énergie se dégage, un besoin d’action, une envie de se mobiliser collectivement. « Le syndicalisme est l’un des derniers remparts contre les idées d’extrême droite. Il faut démontrer l’utilité de notre action », souligne Christophe Bouchindhomme, secrétaire général adjoint de la CFDT Hauts-de-France. Comme un appel à entrer en résistance.