Coup de rabot sur la formation professionnelle

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iconeExtrait de l’hebdo n°3917

Par mesure d’économie, le gouvernement instaure une franchise de 100 euros pour toute formation financée par le salarié via son CPF, limite la prise en charge du permis voiture ou moto, et supprime l’aide aux employeurs pour l’embauche d’un contrat de professionnalisation. Autant de mesures applicables au 1er mai.

Par Jérôme Citron— Publié le 23/04/2024 à 12h00

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© Jean-Claude Moschetti/RÉA

Du côté du gouvernement, l’heure est aux économies et à une lecture purement comptable, et la formation professionnelle n’est malheureusement pas épargnée par ce mouvement. À partir du 1er mai, les salariés qui souhaiteront utiliser leur CPF (compte personnel de formation) devront s’acquitter d’un reste à charge de 100 euros, quel que soit le prix de la formation désirée. Cette mesure injuste et brutale que dénonce la CFDT depuis plusieurs semaines va donc bel et bien être appliquée. Les économies attendues tourneraient autour de 200 à 300 millions d’euros par an. « Nous étions d’accord pour améliorer la régulation du système afin d’éviter un dérapage des dépenses dues au CPF, mais totalement opposés à l’instauration d’une franchise qui va pénaliser les personnes qui ont le plus besoin de formation, rappelle Séverine Garandeau-Martin, secrétaire confédérale chargée de la formation professionnelle. La CFDT rappelle en effet que 39 % des salariés qui ont recours au CPF ont un niveau infra-bac et 80 % ne sont pas cadres. La somme de 100 euros va être un frein incontestable pour cette population qui était justement un public prioritaire de la formation professionnelle.

Autre mesure d’économie, mais cette fois-ci saluée par la CFDT, l’instauration de nouvelles limites pour financer le permis de conduire voiture ou moto. Concrètement, les salariés ne pourront utiliser leur CPF que pour financer un premier permis (voiture ou moto). Ils pourront en revanche continuer à mobiliser leur CPF pour d’autres permis du type poids lourd. Là encore, les économies attendues tournent autour de 200 millions d’euros en année pleine. « Cette mesure est une mesure de bon sens que nous n’avons cessé de réclamer », souligne Séverine Garandeau-Martin. Le CPF a vocation à financer des formations professionnalisantes, pas à financer des permis moto à tour de bras qui n’avaient aucun lien avec l’activité professionnelle des personnes.

La fin des aides pour les contrats de professionnalisation

À propos de l'auteur

Jérôme Citron
rédacteur en chef adjoint de CFDT Magazine

Dernière mesure d’économie notable, la fin des aides (à partir du 1er mai) accordées aux employeurs pour chaque contrat de professionnalisation. Celles-ci pouvaient monter jusqu’à 6 000 euros en cas d’embauche en CDI. Un peu moins de 200 millions d’économie sont attendus en année pleine. Pour la CFDT, cette mesure n’a guère de sens. Les employeurs risquent de se tourner vers les contrats d’apprentissage, qui relèvent de la formation initiale (les aides ne sont pas remises en question pour l’apprentissage), alors que les deux formes de contrats en alternance étaient complémentaires. Pourquoi donc déshabiller Pierre pour habiller Paul ? « Il n’existe pas de diplôme en apprentissage pour tous les métiers, souligne Séverine Garandeau-Martin. L’aide aux premiers niveaux de qualification jusqu’au niveau 4 ou 5 aurait pu/dû être conservée. »