Bien que prospère en France et à l’international, l’entreprise rogne chaque année un peu plus les acquis de ses salariés. La section CFDT est la seule à monter au créneau.

Sur son site d’Aulnay-sous-Bois, en région parisienne, les bâtiments historiques de l’usine Guerbet côtoient des laboratoires flambant neufs, témoins de la bonne santé de l’entreprise. Restée 100 % française, de la conception à la commercialisation, la société s’est peu à peu imposée comme le leader national des produits utilisés dans le domaine de l’imagerie médicale. Au côté des cinq autres grands groupes pharmaceutiques qui se partagent le juteux marché mondial du médicament, Guerbet affiche aujourd’hui une activité florissante : 83 % de ses ventes réalisées à l’international, un chiffre d’affaires qui flirte avec le milliard d’euros et un doublement de la taille de l’entreprise en 2015 à la suite de l’acquisition de Mallinckrodt, un gros laboratoire américain.
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Inversement proportionnels à cette success story, les acquis sociaux, qui faisaient la fierté de ses dirigeants il y a quelques années, ont fondu comme neige au soleil. Longtemps connue pour son management familial et bienveillant, la société cotée en Bourse depuis 1986 est maintenant aux mains d’actionnaires… moins bien disposés que leurs prédécesseurs. « Aujourd’hui, l’entreprise a du mal à recruter et fait de plus en plus appel à des prestataires. Nous ne sommes pas les plus mal lotis au sein de l’industrie pharmaceutique, mais nous ne sommes plus, comme par le passé, une entreprise attractive », explique Mallory Colin, déléguée syndicale CFDT du site francilien. Depuis mai 2018, cette jeune élue a repris les rênes d’une équipe bien implantée mais de plus en plus malmenée. « Chaque année, la direction remet en cause des avantages acquis. L’objectif de notre section syndicale consiste à colmater au mieux », poursuit-elle.
Des anomalies dans les fiches de paie
Depuis quatre ans, la négociation annuelle obligatoire (NAO) avec la direction relève du bras du fer. En 2014, cette dernière a supprimé la grille de salaires de la maison, nettement plus intéressante que celle de la convention collective. L’année suivante, elle a écarté le principe d’augmentation générale. Les hausses de salaire sont désormais individuelles et indexées sur un mode de calcul combinant deux critères : une note attribuée au salarié à l’issue d’un entretien individuel d’évaluation et un indice qui est fonction du positionnement (salaire plus ou moins élevé) par rapport aux salaires médians de la santé. Ces deux critères déterminent si le salarié peut bénéficier d’une augmentation et de quel montant. « Avec ce nouveau système, certains n’ont plus droit à rien, déplore Agnès Mallez, élue CFDT et salariée depuis vingt-trois ans chez Guerbet. Les anciens surtout puisque leur salaire a évolué avec la grille : ils obtiennent un taux d’augmentation quasi nul. »
Depuis 2014, la moyenne des augmentations de salaire est d’à peine 2 % par an pour les Otam (ouvriers techniciens et agents de maîtrise). En 2017, la hausse était d’à peine 0,5 % pour l’ensemble des personnels. Et, en 2018, la direction n’a rien proposé. La section a bataillé afin d’obtenir une augmentation garantie pour 80 % du personnel. Les augmentations individuelles étaient, quant à elles, fondées sur un calcul opaque puisque personne n’avait accès aux critères d’attribution des notes individuelles ni aux tableaux des salaires médians de référence de la santé. « Les augmentations ont été perçues comme arbitraires. Et puis comment contester tel ou tel taux sur sa feuille de paie puisqu’on ne comprend pas sur quoi reposent réellement les calculs ?, ajoute Mallory. En revanche, nous avons constaté des anomalies : les taux annoncés n’étaient pas toujours appliqués. Des erreurs ont été commises au moment de remplir les cases parce que le…