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L’ère du temps
Les salariés ont la possibilité de travailler quatre jours par semaine, sans réduction du temps de travail.

Une nouvelle possibilité d’organisation du temps de travail est offerte aux salariés d’Accenture. En plus du télétravail à la semaine, des horaires flexibles ou encore du congé sabbatique de trois mois rémunéré à 50 %, ils peuvent à présent travailler quatre jours par semaine et bénéficier, selon leur modalité horaire, d’une journée de flexibilité par semaine (ou de deux demi-journées pour les salariés en forfait jours).
Pas de réduction du temps de travail
Cette nouvelle organisation du travail découle d’un accord « sur la mise en place de la flexibilité dans l’organisation de la semaine de travail », signé entre les organisations syndicales (dont la CFDT) et la direction fin mars 2022. Pour cette dernière, c’était un enjeu d’attractivité, explique Stéphane Roy, de la CFDT : « La possibilité offerte aux salariés de télétravailler ne semblait plus faire la différence. Alors la direction a voulu mettre encore plus l’accent sur l’équilibre vie pro-vie perso et a proposé plusieurs dispositifs dont celui-ci. Et son collègue Jérôme Chemin, délégué syndical central adjoint (CFDT), d’ajouter : « Ils ont des difficultés de recrutement. Les efforts sur les salaires sont conséquents mais ça ne suffit pas. »
“Il ne faut pas que les journées de travail deviennent insensées et que les salariés se mettent en danger juste pour être sûrs d’avoir le vendredi […]…”
Cette mesure n’est toutefois pas la panacée. Le salarié travaille un jour de la semaine en moins… mais il a tout autant de travail. L’accord indique noir sur blanc que la durée hebdomadaire ainsi que la charge de travail sont « inchangées ». Et de préciser que, par exemple, un salarié qui travaille trente-neuf heures par semaine et qui souhaite prendre un jour de « flexibilité » dans la semaine devra effectuer trois journées de dix heures et une journée de neuf heures. « Il faut voir ce que ça veut dire, soulève Stéphane. Faire cinq jours en quatre et s’y habituer, c’est être plus productif. Les salariés sont plus engagés, c’est plus rentable. Et c’est bingo pour l’entreprise. »
Vigilance requise
Les syndicalistes restent donc très vigilants. « Il ne faut pas que les journées de travail deviennent insensées et que les salariés se mettent en danger juste pour être sûrs d’avoir le vendredi, lâche Jérôme Chemin. Nous n’aurions pas signé s’il s’agissait de quelque chose gravé dans le marbre. » L’accord est à durée déterminée, trois ans, et une commission de suivi est mise en place. « Je veux connaître le nombre de demandes mais aussi avoir le retour des salariés. Il ne faut pas que ce dispositif serve la politique marketing d’Accenture et que, derrière, ça ne fonctionne pas ».
L’accord relatif à la semaine de quatre jours est appliqué depuis le 1er juin 2022. Lorsque le dispositif était en phase de test dans quelques services, sur 351 personnes éligibles, 172 l’ont vraiment expérimenté. « Quand j’interroge les salariés, ils sont plus sensibles au télétravail sur cinq jours qu’à la semaine de quatre jours », précise Jérôme. Et d’invalider une autre idée reçue : « On dit toujours que ce sont les jeunes qui ont envie de cette flexibilité mais, finalement, dans notre entreprise, ce sont les plus anciens
qui apprécient », conclut Stéphane.