Campagne saisonniers : Oui, avec la CFDT, les travailleurs estivaux connaissent leurs droits ! abonné

En vingt éditions, la campagne saisonniers n’a pas changé d’objectif : renseigner les travailleurs sur leurs droits. Avec une application smartphone en guise d’outil d’information.

Par Didier Blain et Guillaume Lefèvre— Publié le 31/08/2018 à 09h21 et mis à jour le 14/01/2021 à 19h35

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« À vos marques, prêts ? Tirez ! » Le 3 juillet, deux équipes CFDT, vêtues d’orange de la casquette aux tongs, s’affrontent de part et d’autre d’une corde à nœuds sur la plage de Carnac, à un jet de menhir des boutiques d’une des plus grandes stations balnéaires de la côte sud de la Bretagne. Venus des quatre départements bretons, une trentaine de militants issus des syndicats de l’Agroalimentaire, d’Interco, de la PSTE (Protection sociale, Travail, Emploi), des Services, etc., donnent joyeusement le top départ de la campagne saisonniers 2018. L’idée ? « Créer un moment convivial autour d’un pique-nique et de jeux de plage pour souder ceux qui seront amenés à aller à la rencontre des travailleurs saisonniers lors des actions programmées un peu partout en Bretagne cet été », souligne la secrétaire régionale Karine Foucher. Une première en vingt éditions de campagnes saisonniers, précédée, comme il se doit, d’une tournée organisée le matin dans les magasins et restaurants de Carnac.

Une bonne centaine d’actions sur l’ensemble du territoire

« Je n’avais jamais franchi le pas d’aller discuter avec d’autres salariés que ceux de mon établissement, indique Valérie, adhérente depuis deux ans du syndicat PSTE du Morbihan, un peu inquiète avant cette nouvelle expérience militante. Finalement, je suis surprise par la qualité de l’écoute des commerçants. La propriétaire d’un magasin de vêtements nous a mêmes félicités d’informer les travailleurs sur leurs droits ! » En Bretagne, une quinzaine d’actions saisonniers ont été menées en moins de deux mois. Sur l’ensemble du territoire national, ce sont plus d’une centaine de rencontres qui ont eu lieu. De Bonifacio, en Corse, à Gérardmer, dans les Vosges, en passant par Arcachon, en Gironde, ou encore Meyrueis, en Lozère. Tous ces contacts ont pris différentes formes.

En Vendée, comme dans la plupart des départements du littoral, ce sont les tournées tongs aux pieds qui ont toujours le vent en poupe. Le 19 juillet, ils étaient une bonne dizaine de militants des fédérations des Services, d’Interco, de l’Agroalimentaire, de la Chimie ou de la Construction à se retrouver à Saint-Hilaire-de-Riez en présence de la secrétaire générale adjointe de la CFDT, Marylise Léon.

La nouveauté de 2018 : l’appli smartphone “Ma saison”

Organisés autour de Patrick Thomas, le responsable de la campagne pour l’Union départementale, trois groupes sont partis à la rencontre des saisonniers, nombreux sur cette très touristique Côte de Lumière. Comme l’ensemble des équipes qui ont une fois de plus sillonné les plages du nord au sud de l’Hexagone, les militants ont mis en avant la nouveauté 2018 de la campagne : l’application smartphone « Ma saison »*. Elle a été créée afin d’aider les jeunes et les moins jeunes à obtenir des réponses, à portée de clics, sur leurs droits au travail. « Les premiers retours sont excellents », confirme Patrick. Mais si l’application répond à de nombreuses questions, le travail des militants n’en est pas diminué pour autant. D’ailleurs, les équipes CFDT n’ont pas attendu les bras croisés que les jeunes soient en poste pour les rencontrer : « On est intervenu très en amont, dès février, auprès des étudiants à La Roche-sur-Yon et à Nantes », explique Stéphane Tellier, permanent régional de la Fédération des Services. Ainsi, ils ont pu être informés de leurs droits avant de signer leur contrat. Un exemple ? Un saisonnier doit penser à demander à son futur employeur un justificatif d’embauche daté afin que l’employeur ne repousse pas le début du contrat au prétexte que le beau temps n’est pas au rendez-vous.
Les problèmes sont rares avec les employeurs qui restent sur place à l’année. « En revanche, ceux qui viennent pour les trois mois d’été et louent un pas-de-porte à un loyer exorbitant hésitent moins à enfreindre les règles », constate Patrick.

Il cite le cas d’un gros employeur du département (300 postes saisonniers dans un parc de loisirs). Ce dernier se plaint d’avoir des difficultés à recruter mais est prompt à insulter les jeunes, qu’il traite pour la plupart de « fainéants ». Et ce n’est pas tout, selon le syndicaliste à qui ces propos ont été rapportés : « Dans cette boîte, il y a des dérapages sur les heures de travail, et la convention collective n’est pas toujours respectée. À l’heure des réseaux sociaux, les informations circulent vite entre les jeunes, et les mauvaises réputations sont difficiles à défaire. Qu’il s’interroge sur les conditions de travail, et les choses s’arrangeront…

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