À Neuilly-sur-Seine, le cri de détresse des agents hospitaliers

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iconeExtrait de l’hebdo n°3878

Le 8 juin, Laurent Berger et Marylise Léon ont échangé avec les militants du Centre hospitalier Rives de Seine (Neuilly-sur-Seine). Au programme de cet après-midi-là : retraites, pouvoir d’achat, logement mais aussi conditions et qualité de vie au travail des agents publics et des salariés du secteur privé.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 13/06/2023 à 12h00

De gauche à droite : Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT-Fonctions publiques, Badiaa Souidi, SG de l’UTI (Union territoriale interprofessionnelle) CFDT de l’Ouest francilien, Laurent Berger et Marylise Léon.
De gauche à droite : Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT-Fonctions publiques, Badiaa Souidi, SG de l’UTI (Union territoriale interprofessionnelle) CFDT de l’Ouest francilien, Laurent Berger et Marylise Léon.© Syndheb

« C’est le premier et le dernier déplacement que nous faisons ensemble avec Marylise », plaisante Laurent Berger devant les militants de l’interprofessionnel francilien et la section de l’hôpital public des Hauts-de-Seine. Une équipe dynamisée par cette visite et boosté par ses résultats obtenus lors des élections professionnelles de décembre 2022, lors desquelles elle a recueilli 55,9 % des voix. « C’est essentiel pour nous d’être avec vous aujourd’hui, pour continuer de parler du travail réel », insiste Laurent Berger, alors qu’au même moment se tenaient les débats à l’Assemblée nationale sur la proposition de loi (rejetée) du groupe Liot visant à l’abrogation de la réforme des retraites. « Il est d’autant plus important dans cette période d’entendre vos problématiques que certains de nos interlocuteurs sont complètement hors sol », complète Marylise Léon.

Les problématiques, ce sont celles, nombreuses, évoquées par Rania, agent de service hospitalier, qui témoigne de ses difficultés à accéder à un logement en Île-de-France ou de trouver un moyen de garde de ses deux jeunes enfants. « J’ai mal au cœur », répétera-t-elle plusieurs fois. Mal au cœur de toucher un salaire qui lui permet difficilement de joindre les deux bouts. Mal au cœur de voir une collègue qui, après vingt années de service, reçoit une médaille des mains d’un inconnu lors d’une cérémonie impersonnelle. « On n’est pas reconnus dans notre métier », déplore-t-elle. Et puis mal au cœur à l’idée de devoir travailler deux années supplémentaires. « Quand je constate que mes collègues plus âgées ont des difficultés à pousser leur chariot, à multiplier les heures supplémentaires pour s’en sortir… »

Huit mois de travail en six

Ces trois dernières années, Sandrine, infirmière et adhérente CFDT, a cumulé 400 heures supplémentaires. « J’ai travaillé huit mois en six […]. Si certains disent que la pandémie a fait naître des vocations, ça ne se traduit pas dans les services. Comment voulez-vous que l’hôpital soit attractif dans ces conditions ? »

« Le gouvernement ne prend pas la mesure de ce que traversent les services publics », regrette Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT-Fonctions publiques. Si la CFDT a obtenu le Ségur de la santé, avec à la clé une revalorisation des salaires de 183 euros nets par mois, il faut encore aller plus loin, avec des mesures générales : en effet, près de 60 000 postes ne sont pas pourvus dans la fonction publique hospitalière, la territoriale ou à l’État. Alors, à l’hôpital, ça craque de partout.

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

Malgré tout, une touche d’optimisme, et alors que « la situation reste tendue dans les hôpitaux » : Ali Bakkali, le secrétaire de la section de Rives de Seine, se bat afin d’obtenir des avancées localement pour soulager le quotidien de ses collègues. Et de citer pêle-mêle la création d’une salle de pause dans chaque service, la limitation du recours aux vacataires pour fidéliser les agents ou encore une meilleure rémunération des heures de nuit. « Des solutions, nous en avons ; de l’énergie, nous en avons, et c’est ensemble que nous et vous allons continuer de construire le travail de demain », glisse Laurent Berger.

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