Pour renouer le lien avec les soignants et porter leurs revendications, le syndicat CFDT AP-HP se rend chaque semaine dans les établissements franciliens. Une opération couronnée de succès.

Mardi 11 septembre, 6 h 30. Il fait encore nuit noire lorsque les militants CFDT de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) installent leurs deux petites tables pliables dans la cour d’accueil de l’hôpital Lariboisière, au cœur du 10e arrondissement. Au programme des trois prochaines heures : distribution de tracts et petit déjeuner offert à tous les salariés de l’établissement. « Postés là, on voit passer tout le monde, à la fois les équipes de nuit qui quittent le travail mais aussi tous les soignants et personnels administratifs qui débutent leur journée », explique Sandrine Prigent, qui siège à la commission exécutive du syndicat. Les militants, sourire aux lèvres malgré un réveil à l’aube, leur proposent une tasse de café chaud et une part de gâteau au chocolat, sans insister. « Les gens apprécient cette approche conviviale, ils se rendent compte que le syndicalisme, ce n’est pas juste une violente prise à partie ou un appel à la grève mais aussi des personnes engagées, qui prennent soin d’eux », explique Jean-Marc Février, également membre de la commission exécutive. De fait, si certains salariés passent leur chemin, beaucoup empochent les tracts, voire acceptent de discuter quelques minutes sur le parvis. Conquis par les arguments de l’équipe, il arrive que certains remplissent une fiche d’adhésion au syndicat. « Ça s’est déjà produit lors de ce type de permanence », sourit Jean-Marc Février.
Un gain notable en visibilité
Culture de la proximité Complémentarité des compétences Résultats au rendez-vous |
Ces permanences, ce sont les Mardis de la CFDT. Soit une « opération reconquête » des salariés de l’AP-HP, pensée par Jean-François Mussard, le secrétaire du syndicat. Depuis septembre 2017, les permanents des sections syndicales CFDT de l’AP-HP ont ainsi pour mission de se rendre chaque semaine dans un grand hôpital d’Île-de-France, pour épauler les militants sur place et gagner en visibilité. Les trois dernières semaines avant les élections professionnelles, il est même prévu qu’ils soient présents tous les jours dans un hôpital différent, une activité à temps plein qui justifierait de ne pas siéger dans les instances représentatives pendant cette période-là. « C’est la décision qui a été prise en bureau il y a quelques jours », explique Jean-François Mussard. Grâce à cette proximité et ces actions de visibilité, les militants espèrent rafler la deuxième place à Sud le 6 décembre. « C’est tout à fait envisageable. Nous sommes devenus le premier syndicat dans le privé, cela a changé la donne. Maintenant, les gens nous prennent au sérieux, et la tendance est d’aller vers les gagnants », avance Martine Sebire, secrétaire de section à l’hôpital Charles-Foix d’Ivry-sur-Seine.
9 h 30 : une fois éclusée la huitième cafetière et distribués les dizaines de tracts, les militants plient bagage et débriefent. La quinzaine de permanents présents, attablés autour de viennoiseries dans le local syndical, converse tranquillement. « Ces Mardis de la CFDT sont une très bonne initiative. Ils nous ont permis de faire connaissance, ce que nous n’aurions jamais fait autrement », explique Frédérique Pichon, secrétaire de section à l’hôpital Necker. Ces rendez-vous hebdomadaires, c’est aussi l’occasion de partager de précieuses informations. « Quand j’ai un doute sur un point juridique, je m’adresse directement à Cyrano [Vincent, membre de la commission exécutive], en pointe sur ces sujets-là »,…