À Belfort, une offre syndicale profondément renouvelée pour les agents Interco

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iconeExtrait de l’hebdo n°3874

Les équipes CFDT de la commune de Belfort et de la préfecture du Territoire de Belfort ont détrôné d’autres organisations syndicales lors des dernières élections professionnelles. La proximité avec les agents a fait la différence. Depuis, l’équipe prépare soigneusement ses dossiers pour impulser un nouveau dialogue social.

Par Fabrice Dedieu— Publié le 16/05/2023 à 12h00

Les cinq nouveaux élus au CST du Territoire de Belfort
Les cinq nouveaux élus au CST du Territoire de BelfortDR

« Historique » : le mot est lâché par Rachid Dormane. Le secrétaire général du Syndicat interco du Territoire de Belfort est amplement satisfait des résultats obtenus par la section CFDT de la ville de Belfort et de la communauté de communes du Grand Belfort (ces deux entités ne forment qu’une seule et même administration de 1 600 agents) lors des dernières élections professionnelles, qui se sont tenues début décembre 2022.

Pour la première fois depuis la création de la section en 1979, la CFDT est devenue la première organisation syndicale dans cette collectivité, avec 57,21 % des suffrages (54,72 % de participation) et a gagné cinq des huit sièges du comité social territorial (CST). « Nous voulions faire la bascule. La CGT avait toujours été majoritaire », explique Rachid. « Nous sommes allés sur le terrain, pour défendre et accompagner les agents. Nous avons fait du personnalisé, et il n’y a rien de mieux. Quand on accompagne un agent, s’il est satisfait, le bouche à oreille fait le reste. » Éric Oriat, trésorier du syndicat et lui aussi agent de la ville (et de la communauté de communes), ajoute : « Nous avons une bonne connaissance de notre collectivité. Pendant la campagne, nous avons aussi fait des tracts spécifiques selon les services, comme la police municipale. Ce qui a fait la différence aussi, c’est d’avoir ciblé les bonnes personnes. »

Une fois les élections passées, les élus se sont remis au travail en CST. « Nous avons plus de moyens maintenant, et plus de poids », souligne Rachid. « Le dialogue social n’est pas très développé dans notre collectivité, il va falloir que l’on soit plus vigilant sur la qualité du dialogue social », estime Éric. Il ajoute : « Il faut aussi que l’on forme des groupes de travail pour préparer les décisions que l’on validera en CST. Actuellement, il y a des dossiers compliqués qui méritent que l’on se rencontre deux ou trois fois en amont. Comme ce n’est pas fait, le dossier arrive brut en CST et l’on commence à dialoguer comme ça, sans préparation. Ce n’est plus possible ! »

Proposer un autre syndicalisme

Du côté de la préfecture de Belfort, c’est aussi une victoire : la CFDT est désormais la première organisation syndicale de cette administration. Elle a réuni 55,06 % des suffrages (72,93 % de participation), ce qui lui a permis d’obtenir trois des cinq sièges du comité social d’administration (CSA). La section a pourtant été créée un peu plus d’un an avant les élections. « Jusque-là, il n’y avait qu’une seule organisation représentée, FO. Nous avons donc voulu apporter notre voix et proposer un autre syndicalisme », explique Emmanuel Daucourt, attaché d’administration et secrétaire de la section. « Nous souhaitons tendre la main, être ouvert à la discussion. Et défendre l’intérêt des agents que nous représentons », ajoute-t-il. « Nous répondons à un réel besoin », souligne Emmanuelle Morandeira. Attachée principale d’administration, elle a cocréée la section avec Emmanuel Daucourt. « Depuis que l’on est élu, nous avons accompagné deux agents en difficulté. Rien ne se fera sans nous. »

En vue des élections, les militants se sont faits connaître dans les services. « Nous avons essayé de ramener des agents dans notre équipe, d’avoir des référents dans chaque service, toutes catégories confondues, pour avoir une vision globale du climat social dans la préfecture », indique Emmanuel. « Nous sommes tellement convaincus par notre démarche, et nous avons une nature fédératrice : nous n’avons pas eu trop de mal à convaincre les agents à voter. Nous avons aussi adopté un positionnement désintéressé, en disant aux agents qu’ils seront défendus, et que l’on n’attend pas du syndicat qu’il fasse notre carrière : elle est déjà faite », poursuit l’agent. « Ça a matché ! »

Renforcer le collectif

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Fabrice Dedieu
Journaliste

Désormais, les élus sont au travail. « Nous voulons mettre en place plusieurs choses comme une charte du management, une charte de la mobilité, assurer des permanences syndicales régulières, installer une boîte à idée. On souhaite négocier la semaine de 4,5 jours. Pour l’instant on nous répond que ça va être compliqué, mais ce n’est pas une raison pour ne pas expérimenter ! », déroule le secrétaire de section. Il faudra aussi assurer la pérennité de la section. « Aujourd’hui, nous avons 13 adhérents, impliqués dans la vie de la section. Mais notre collectif reste fragile. » La plupart n’étaient pas adhérents d’une organisation syndicale, à l’instar d’Emmanuelle Morandeira : « J’ai toujours été sympathisante CFDT, mais je n’étais pas prête à adhérer. Je suis ravie d’avoir sauté le pas ! »

Une implantation réussie au centre hospitalier Le Chênois

Au centre hospitalier Le Chênois, situé à Bavilliers, au sud de Belfort, la section CFDT s’était éteinte. À deux ans des élections, des militantes du Syndicat santé-sociaux du Territoire de Belfort ont alors fait des tournées de service et ont approché de nouvelles militantes, Marina Battaglia et Séverine Grasseler, pour fonder une nouvelle section. « La possibilité de dialoguer avec la direction est ce qui m’a le plus séduit, pouvoir échanger, ne pas être forcément dans la confrontation, et défendre les agents », explique cette dernière, infirmière et désormais secrétaire adjointe de la section. « Nous avons vite été confrontées aux élections. Nous avons été bien formées et ça a porté ses fruits : nous avons gagné la première place et quatre des huit sièges du comité social d’établissement. » Elle ajoute : « Il a fallu regagner la confiance des agents, mais aussi de la direction. Les agents sont très en demande, ont beaucoup de questions sur leurs droits, ils veulent savoir ce qui se passe en instance. Il a fallu renouer le dialogue. Ça a été difficile, mais on y arrive, petit à petit. »