L’hôtellerie-restauration dans les cordes

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L’emploi en jeux

L’autre grand secteur impacté par les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 est celui des hôtels et restaurants. Les établissements se préparent à répondre, en pleine période estivale, à un surcroît d’activité avec des équipes en place mais déjà bien fatiguées.

Par Sabine Izard— Publié le 01/03/2024 à 10h00

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© Antoine Lorgnier

Alerte rouge dans le secteur de l’hôtellerie-restauration. Plus de 60000 emplois seront mobilisés au sein de la filière touristique du fait de l’accueil des Jeux, dont une grande part concerne les métiers du service, de la restauration, etc., selon les estimations du comité d’organisation. Un point de vigilance pour les équipes syndicales, qui doivent déjà composer avec des salariés fatigués depuis la crise sanitaire de 2020.

« Les salariés de l’hôtellerie-restauration sont inquiets, concède Zineb Belambri, secrétaire générale du Syndicat CFDT HTR (Hôtellerie-Tourisme-Restauration) Île-de-France. Les équipes sont déjà en flux tendu, et le secteur doit encore former de nouveaux salariés. »

“Les employeurs ne peuvent pas garantir le maintien dans l’emploi du salarié sans titre de séjour qui demande sa régularisation, alors que la personne a été formée pendant un an ! Rien n’est fait pour faciliter le travail dans notre secteur. ”

Zineb Belambri, secrétaire générale du Syndicat CFDT HTR (Hôtellerie-Tourisme-Restauration) Île-de-France.

La fatigue n’est pas le seul sujet d’inquiétude. Comment les salariés vont-ils se rendre sur les lieux de travail situé dans des zones où des laissez-passer seront requis ? Comment vont-ils se loger vu la hausse des loyers locatifs pendant les Jeux et la pénurie de logements ? « Dans le secteur, c’est 39 heures tout le temps. Les salariés travaillent déjà le soir et le dimanche. Comment va se dérouler leur quotidien pendant cette période ? poursuit Zineb Belambri. La CFDT porte son revendicatif sur les salaires et les effectifs. Beaucoup d’enquêtes sur les risques psychosociaux ont déjà été réalisées. Il faut ajouter à cela le contexte de la loi immigration, qui va encore compliquer les recrutements. Les employeurs ne peuvent pas garantir le maintien dans l’emploi du salarié sans titre de séjour qui demande sa régularisation, alors que la personne a été formée pendant un an ! Rien n’est fait pour faciliter le travail dans notre secteur. »

À propos de l'auteur

Sabine Izard
Journaliste

Malgré ces tensions, il exite quelques signes de satisfaction. Pour motiver et fidéliser les équipes, nombre d’établissements revalorisent les salaires. Lors des dernières négociations annuelles obligatoires (NAO), les augmentations étaient de 3 % à 5 %. Dans le luxe, elles ont été moins fortes que l’an passé, mais « au Plaza Athénée et au Meurice, un accord collectif prévoit que 5 % de l’addition soit redistribuée aux salariés. Et chez AccorInvest, malgré la situation financière dégradée du groupe, les NAO sont montées jusqu’à 5,2 % pour les salariés avec une ancienneté de plus de vingt ans, explique Zineb Belambri. Il y a un vrai enjeu de fidélisation et de reconnaissance de l’expérience à quelques mois de l’ouverture des Jeux qui, forcément, change le rapport de force dans les négociations, même si les salariés sont très soucieux de ne pas mettre à mal l’activité, car les périodes pré- et post-JO sont très calmes. »