Les employeurs publics seraient-ils les mauvais élèves du télétravail ? abonné

Le télétravail, s’il est possible, doit devenir la norme dans la fonction publique.
Les agents témoignent d’une défiance évidente de la part de leurs employeurs.
À l’image du secteur privé, la CFDT-Fonctions publiques demande que le télétravail et l’organisation du travail soient négociés.

Par Guillaume LefèvrePublié le 12/11/2020 à 14h09

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Le message était pourtant clair : « La fonction publique doit prendre toute sa part dans le combat collectif contre le virus et le télétravail doit y devenir la règle », rappelait, à la fin octobre, la ministre Amélie de Montchalin lors de la publication de la circulaire portant sur la continuité du service public. Peu après, un constat s’impose : les employeurs publics ne jouent pas le jeu. Si, dans les collectivités, les établissements et les administrations, une montée progressive du travail à distance est constatée, elle est beaucoup trop lente. Pourtant, l’enjeu est de taille puisqu’il en va de la sécurité des 5,5 millions d’agents et des usagers des services publics. « Cela crée de la confusion et envoie un message contradictoire aux agents, qui laisse penser que l’urgence sanitaire n’est pas réelle », résume Mylène Jacquot pour lien vers le contenu : Fonctions publiques - UFFA.

Flou et incompréhension

Que dit la circulaire ministérielle ?

La circulaire relative à la continuité du service public dans les administrations et les établissements publics de l’État dans le contexte de dégradation de la situation sanitaire, imposant le télétravail, est parue le 29 octobre. Ce document précise ainsi : « Le télétravail est dorénavant la règle pour l’ensemble des activités qui le permettent. […] les agents dont les fonctions peuvent être exercées totalement ou principalement à distance doivent impérativement être placés en télétravail cinq jours par semaine. Pour les agents dont les fonctions ne peuvent être qu’accessoirement exercées à distance, l’organisation du service doit permettre de réduire au maximum [sic] le temps de présence […] »

« C’est la cacophonie, renchérit Sandrine Langenecker, du Syndicat Interco Drôme-Ardèche. Les employeurs des collectivités considèrent que le télétravail est une possibilité, pas un droit. » Pour les 20 000 agents publics des deux départements, le flou et l’incompréhension règnent. « J’ai une réunion téléphonique toute la matinée, j’ai donc demandé une demi-journée de télétravail, mais reçu un refus catégorique de ma hiérarchie, déplore Barbara, agent administratif d’une commune drômoise. On m’a répondu que je devais être présente sur mon lieu de travail. » Idem pour Frédéric, représentant du personnel à la mairie de Romans-sur-Isère. « Malgré une forte demande pour des agents et la multiplication des contaminations, la hiérarchie, sous couvert d’assurer la continuité des missions, interdit le télétravail, même lorsqu’il est possible. » Pas mieux à la préfecture de la Drôme, où l’on refuse jusqu’à présent le travail à domicile aux 160 agents, regrette le secrétaire de section Philippe Dorée. Ces témoignages ne surprennent pas Claire Le Calonnec, secrétaire générale de la Fédération Interco. « La fonction publique territoriale est très en deçà de ce…

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