Le droit à la déconnexion soulage les personnels du collège Saint-Joseph à Savenay abonné

L’équipe CFDT du collège Saint-Joseph de Savenay ne cesse de s’étoffer depuis 2012. La dernière avancée en date est un accord sur le droit à la déconnexion, indispensable dans ce contexte professionnel.

Par Marie-Nadine Eltchaninoff— Publié le 28/11/2018 à 07h54

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Au collège Saint-Joseph de Savenay, commune de Loire-Atlantique située à mi-chemin de Nantes et Saint-Nazaire, le droit à la déconnexion est désormais gravé dans le marbre. La section a signé un accord dans ce sens en 2018 après un long travail de préparation. Instauré pour les salariés du privé par la loi Travail de 2016, le droit à la déconnexion n’est pas une obligation dans la fonction publique. Qu’à cela ne tienne, les salariés de droit privé représentent ici près de la moitié des effectifs, comme dans la plupart des établissements d’enseignement privé, où travaillent côte à côte des enseignants relevant de l’Éducation nationale et les autres personnels, employés par un organisme de gestion de l’enseignement catholique (Ogec). De fait, l’accord signé par le chef d’établissement (représentant de l’Ogec) s’applique à tous les personnels, pour peu que leur travail soit compatible avec ce mode d’organisation.

Des outils numériques professionnels moins intrusifs


Sensibiliser les parents d’élèves
Les parents d’élèves, qui ont accès à l’espace numérique du collège, ont été eux aussi sensibilisés au droit à la déconnexion. « Quand ils s’adressent par mail aux enseignants, ce qui est très fréquent, c’est toujours urgent. Le chef d’établissement a expliqué notre démarche dans une communication faite aux parents », souligne Mickaël.

Enseignants et administratifs, même combat
« Vous avez cinq minutes ? Venez dans mon bureau… » L’ancien directeur avait l’habitude de convoquer au débotté les personnels qui sortaient déstabilisés de ces « entretiens surprise ». « Nous avons décidé que, collectivement, nous n’accepterions plus de nous rendre à ces entretiens autrement qu’accompagnés », explique le responsable de la section. Cela a suffi à calmer les ardeurs managériales de l’ancien chef d’établissement.

Les enseignants votent deux fois
Les enseignants voteront une première fois du 26 novembre au 6 décembre, dans le cadre des élections de la fonction publique, pour élire les représentants au comité consultatif ministériel des maîtres de l’enseignement privé (CCMMEP) et les représentants aux commissions académiques. Ils participent également à l’élection des représentants au CSE de leur établissement. À Saint-Joseph, cette dernière aura lieu en janvier 2019

À Saint-Joseph, les attentes étaient fortes, autant chez les administratifs que chez les enseignants. Ceux-ci partagent leur temps de travail entre les cours en classe et les préparations et corrections à domicile. Organiser une réunion, signaler un problème, échanger des informations sur un élève ou une classe, tout cela passe par les échanges de mails. « Nous avons des emplois du temps différents, et quand nous nous croisons en salle des professeurs, c’est le plus souvent en coup de vent, explique Mickaël Sablé-Renoir, correspondant de la section CFDT. À domicile, chacun travaille à sa guise, selon son organisation familiale. Certains préfèrent gérer leurs mails entre 5 et 7 heures, d’autres entre 22 heures et minuit. » Résultat, il n’est pas rare de recevoir un courriel tard le soir exigeant une réponse immédiate, note Mathieu, professeur d’éducation physique et sportive (EPS) et adhérent : « En EPS particulièrement, nous communiquons beaucoup par texto et mail, pour réserver un terrain de foot ou un créneau de piscine. Le week-end, le simple fait de voir s’afficher un intitulé de mail professionnel nous replonge dans le contexte du travail, nous ne coupons jamais réellement. » Afin de lutter contre la « surcharge informationnelle » et le « stress lié à l’utilisation des outils numériques professionnels », l’accord prévoit une interruption des échanges électroniques et téléphoniques entre responsables hiérarchiques et collaborateurs de 20 h 30 à 7 h 30 ainsi que les week-ends.

À leur demande, les professeurs des écoles qui enseignent en primaire peuvent continuer à consacrer une partie de leur matinée du samedi à leur correspondance mail professionnelle. Leur journée de travail en continu (à l’inverse des professeurs du secondaire) laisse moins de marges de manœuvre pour répondre dans les plages horaires fixées par l’accord. Des actions de sensibilisation aux bons usages numériques ont été mises en place. « Nous avons confié à un jeune venu effectuer son service civique dans l’établissement la réalisation d’affiches sur un mode humoristique », indique le responsable de la section. Et, rapidement, les comportements ont évolué. « Aujourd’hui, je m’oblige à privilégier le contact direct quand c’est possible et je gère mieux mes demandes par mails », souligne une enseignante. « Nous avons moins de mails de la direction », ajoute une collègue.

S’inspirer de ce qui existe

Pour construire cet accord, la section s’est inspirée d’exemples déjà mis en œuvre ailleurs. Toujours à l’affût de bonnes pratiques syndicales, les militants ont pris l’habitude de consulter la presse fédérale et confédérale à chaque réunion de section. « C’est toujours intéressant de voir comment une équipe syndicale procède, quelles sont ses méthodes et ses pratiques, juge Mickaël. Les sujets d’actualité traités par la presse…

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