La course à l’échalote

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iconeExtrait de l’hebdo n°3872

Par Luc Mathieu— Publié le 02/05/2023 à 12h00

Luc Mathieu, secrétaire national
Luc Mathieu, secrétaire national© Cyril Entzmann

À propos de l'auteur

Luc Mathieu
secrétaire national de la CFDT

Dans l’absolu, cela s’apparente à une bonne nouvelle pour de nombreux salariés. Ce 1er mai, le Smic a été une nouvelle fois revalorisé de 2,22 % pour prendre en compte l’inflation. Désormais, le salaire minimum s’établit à 11,52 euros brut par heure, soit 1 747,20 euros brut par mois pour 35 heures hebdomadaire. Seulement voilà : cette nouvelle augmentation jette une lumière crue sur l’état des salaires minimaux dans les branches. Car, depuis hier, 151 des 171 branches du secteur général ont au moins un niveau de salaire sous le Smic – dont 64 branches qui étaient jusque-là dans les clous. Les retards sont parfois tels que certaines branches affichent désormais onze niveaux de rémunérations sous le Smic. Les agents catégorie C de la fonction publique ne sont guère mieux lotis.

Les branches doivent en effet substantiellement décoller leurs grilles du Smic pour éviter de se faire rattraper à chaque augmentation du salaire minimum. Les employeurs doivent redonner tout leur sens à ces grilles et à la progression des salariés. La loi « pouvoir d’achat » d’août 2022 nous donne la possibilité d’ouvrir des négociations quarante-cinq jours après la dernière augmentation du Smic et si la partie patronale ne prend pas l’initiative. De plus, la CFDT le répète : la conditionnalité des aides et la suppression des exonérations de cotisations sociales concernant les salariés trop longtemps au Smic sont deux leviers indispensables pour lutter contre l’inaction salariale. Le gouvernement serait bien inspiré de s’en saisir afin d’éviter cette éternelle course à l’échalote.