Covid-19 : L’agro-alimentaire sous tension abonné

Si les risques de pénurie alimentaire restent pour l’instant très limités, toute la chaine agro-alimentaire, de la production agricole à la transformation, est sous tension. De nombreuses inquiétudes se font jour, surtout si la situation devait perdurer. Pour lien vers le contenu : Agroalimentaire, la priorité est avant tout d’assurer la protection des salariés d’un secteur vital.

Par Emmanuelle Pirat— Publié le 02/04/2020 à 12h42 et mis à jour le 14/01/2021 à 13h59

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Covid WebLe séisme provoqué par la pandémie de Covid-19 n’a pas épargné la filière agro-alimentaire. Au contraire. Explosion des ventes dans la grande distribution (et on se souvient de ces scènes d’hystérie dans les supermarchés, des rayons dévalisés aux premières heures des annonces de confinement), arrêt brutal des activités de restauration hors domicile (fermeture des restaurants, des cantines, des restaurants d’entreprises, etc.) et baisse significative des exportations du fait de la fermeture des frontières… En quelques jours, toute la filière agro-alimentaire aura vu ses équilibres vaciller. Mais l’ensemble des maillons de la chaine, de la production agricole à la distribution en passant par les industries de transformation, résiste bien malgré les très fortes tensions. Au moins pour l’instant.

Besoin de main d’œuvre

Dans les fermes et les exploitations agricoles, c’est le manque de main d’œuvre, à l’heure où certains travaux agricoles doivent démarrer (semis, taille des vignes, récoltes maraichères, etc.) qui cause la principale inquiétude et le plus gros nœud de tension. 200 000 saisonniers agricoles sont généralement nécessaires en cette saison, dont environ un tiers d’étrangers venant principalement des pays de l’Est ou du Maghreb. La fermeture des frontières rend donc leur venue impossible, ce qui contribue à exacerber les besoins de main d’œuvre, déjà criant dans le secteur. Sur les territoires, des initiatives sont lancées auxquelles la FGA-CFDT participe activement, notamment avec la mise en place de la plateforme « Des bras pour ton assiette » élaborée paritairement au sein de l’ANEFA (Association nationale pour l’emploi et la formation en agriculture) avec les organisations patronales, où il s’agit de mettre en relation des travailleurs agricoles et des employeurs. Comme le rappelle Fabien Guimbretière, secrétaire général de la FGA-CFDT, « la mobilisation engagée pour trouver des travailleurs saisonniers en agriculture doit absolument se faire dans le cadre d’un contrat de travail et non sur le bénévolat ou le simple coup de main. Les offres et demandes de mise en relation qui sont faites doivent répondre à une proximité territoriale, à une adéquation entre les besoins et des compétences, en s’assurant de la bonne application des mesures barrières face à l’épidémie. Rajouter des risques sanitaires et d’accidents du travail, de travail dissimulé ou précaire en termes d’hébergement, de conditions de vie et de travail, de transport, de rémunération, ne saurait être la solution envisagée par notre fédération », évoquant implicitement l’initiative gouvernementale lancée le 25 mars, « sorte d’appel au peuple pour aller donner un coup de main aux agriculteurs sans qu’on en connaisse les modalités », ajoute Franck Tivierge, secrétaire national de la FGA.

Coup d’arrêt pour la restauration hors domicile

Dans la filière, le plus gros choc a très certainement concerné les industries liées à la restauration hors domicile, privées de leurs débouchés habituels. « Entre 60 et 70% de nos clients sont à l’arrêt », témoigne Hervé Guilbault , secrétaire du CSE chez Espri Restauration, qui livre principalement les cantines scolaires (50% de leurs clientèle), les Epadh ou les hôpitaux. « Du coup, on a mis toute une partie de la production à l’arrêt ». Même son de cloche chez Daunat (groupe Norac, groupe spécialisé dans le snacking, le traiteur et les repas frais), où l’on estime que les ventes de sandwichs et de salades se sont effondrées de 60%. « Les gens sont confinés chez eux, ils ont le temps de cuisiner », note Hanan Lahyani, la déléguée syndicale chez Daunat (sandwichs et saladerie). Si tous les sites ont largement réduit leur voilure, « on continue quand même l’activité, pour pouvoir honorer la reprise. Toute une partie de la production est donnée, aux hôpitaux, aux associations, aux pompiers, au Samu ». Partout, la même préoccupation : gérer la crise et préparer le rebond, sans vraiment savoir…

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