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Covid-19 : Industrie, une reprise dans l’incertitude abonné

Si les usines redémarrent progressivement depuis quelques jours, il est encore très difficile d’envisager les prochains mois. Côté sanitaire, les mesures se mettent en place, mais bien peu d’entreprises imaginent relancer leur production à plein régime dans un premier temps.

Par Jérôme CitronPublié le 12/05/2020 à 12h28

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Après deux mois de confinement, les salariés reprennent progressivement le chemin du travail sur fond d’incertitude économique et de crainte pour leur emploi. Dans les usines, les dernières semaines ont été consacrées à la mise en place des nouvelles organisations du travail, compatibles avec les gestes barrières. Un travail considérable qui a nécessité d’éditer de nouvelles règles de vie dans l’entreprise tout en se procurant en urgence des masques, du gel ou encore des parois en Plexiglass. « Les entreprises ont été plutôt réactives et sérieuses dans leur grande majorité, analyse Stéphane Destugues, secrétaire général de la CFDT-Métallurgie. Après avoir mis à l’arrêt les machines au début du confinement, l’activité repart doucement depuis plusieurs semaines. Nous n’avons jusqu’à présent pas rencontré de difficultés majeures. Les questions de sécurité devraient se poser à nouveau avec la montée en charge de l’activité et le retour de l’ensemble des salariés sur les sites. »

Un choc sans précédent

C’est davantage du côté des carnets de commandes que tous les regards se tournent avec appréhension, vu l’ampleur du choc que vient de vivre l’industrie ces deux derniers mois. Selon les derniers chiffres de l’Insee publiés le 7 mai, la production industrielle en France a chuté de 16,2 % en mars alors qu’elle était en progression de 0,8 % en février. La baisse a notamment été très forte dans la construction automobile (- 35,9 % contre + 1,9 % le mois précédent), la cokéfaction et le raffinage (- 34,3 % contre + 4,8 %), tandis que l’industrie agroalimentaire est parvenue à limiter la casse (- 3,9 %). Seule l’industrie pharmaceutique tire, sans surprise, son épingle du jeu (+ 15,9 %). Autre chiffre révélateur de cette chute drastique de l’activité : la consommation d’électricité a baissé de 20 % dans la période.

« Notre grande inquiétude est de savoir comment les secteurs vont repartir, insiste Stéphane Destugues. Nous savons déjà que l’aéronautique va être très durement impactée, car de nombreuses compagnies risquent de faire faillite et ne pourront pas acheter les appareils commandés avant la crise. Dans l’automobile, certains spécialistes estiment qu’il faudra cinq ans pour que la production revienne à des niveaux d’avant la crise. Enfin, la sidérurgie est aujourd’hui quasiment à l’arrêt. » ArcelorMittal ne parle en effet d’une relance des hauts fourneaux qu’au début de l’année prochaine. « Dans nos secteurs, il y a eu très peu d’arrêt total de l’activité, mais beaucoup d’entreprises tournent au ralenti. L’activité ne repartira vraiment qu’en fonction de la demande. C’est aujourd’hui très progressif », poursuit Dominique Bousquenaud, secrétaire général de la fédération Chimie-Énergie-CFDT.

Des carnets de commandes en berne

Située dans le nord de la France, l’entreprise Sasa illustre la complexité de la période. Cette PME (150…

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