Gestion de crise houleuse dans le BTP. L’injonction des ministres du Travail et de l’Économie à poursuivre l’activité coûte que coûte n’est pas passée. Devant la bronca des syndicats et des fédérations patronales, le gouvernement semble vouloir trouver une sortie de crise.

Ces derniers jours ont été marqués par la colère et l’incompréhension dans le BTP, aussi bien du côté des fédérations patronales que des organisations syndicales. En cause, les déclarations des ministres du Travail et de l’Économie, qui voulaient exclure le BTP du dispositif exceptionnel de chômage partiel. Lors d’un passage sur LCI le 18 mars Muriel Pénicaud a accusé de « défaitisme » et de « manque de civisme » les entreprises qui stoppent les chantiers. Vive réaction de la Capeb, syndicat patronal de l’artisanat du bâtiment qui dénonce dans un communiqué « le chantage exercé par les Direccte sur les entreprises » ces derniers temps et exige un arrêt des chantiers pendant 10 jours, le temps pour le secteur de s’organiser. La fédération nationale Construction-Bois (FNCB-CFDT) appelait dans un communiqué « le gouvernement, notamment les ministres de l’Économie et du Travail à faire une clarification rapide des priorités et de la prise en charge des secteurs de la construction dans les dispositifs gouvernementaux de crise. »
« Entre le message du président qui dit « Nous sommes en guerre, restez chez vous » et les pressions exercées par les ministres sur les entreprises pour qu’elles poursuivent leur activité, l’incohérence est totale ! » s’agace Rui Portal, secrétaire général de FNCB-CFDT. Depuis l’annonce de la généralisation du confinement, la plus grande confusion règne dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, notamment sur les chantiers, qui s’arrêtent les uns après les autres faute d’approvisionnement, sur décision des élus locaux, ou parce que les salariés craignent pour leur santé et font jouer leur droit de retrait. La situation se complique du fait de l’intervention sur un même chantier de plusieurs entreprises représentant les différents corps de métier. « Il y a une angoisse qui monte chez les salariés sur la plupart des sites car les mesures de protection ne sont pas appliquées, » souligne le secrétaire général de la FNCB. Ni gel, ni masque, ni mise en œuvre des règles de distanciation pour les ouvriers du BTP qui se…