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Dans une industrie aéronautique mise à terre par la crise sanitaire, le groupe Daher a été l’un des premiers à lancer un PSE. Une négociation marathon a permis d’en réduire le périmètre et d’améliorer l’accompagnement des salariés.

C’est peu de dire que l’industrie aéronautique est frappée de plein fouet par la crise ; le trafic aérien et les commandes d’avions sont réduits à peau de chagrin. L’équipementier Daher, dont l’activité dépend à 80 % d’Airbus (aujourd’hui dans la tourmente), a vu son chiffre d’affaires fondre dès le premier confinement. L’annonce d’un PSE visant à supprimer 1 261 emplois (sur un effectif de 10 000 salariés) est tombée dès le mois de juillet. Passé le premier choc, les cinq organisations syndicales, présentes à environ 20 % chacune (22 % pour la CFDT), se sont constituées en intersyndicale. Au terme d’une négociation marathon, la CFDT a abouti à une solution qu’elle juge satisfaisante. « Le temps a paru long aux salariés, qui avaient hâte d’être fixés sur leur sort, mais ce temps était nécessaire pour arriver à des accords équilibrés, l’un sur l’APLD [activité partielle de longue durée] et l’autre sur les mesures d’accompagnement dans le cadre du PSE », souligne Jérôme Crespin, coordinateur CFDT du groupe Daher. « La CFDT a très tôt revendiqué une mise en place significative de l’APLD face à une direction d’abord frileuse », précise Johnny Favre, secrétaire national de la CFDT-Métallurgie, qui a accompagné le travail de la coordination et souligne la qualité du dialogue social mené dans l’entreprise, entre une direction ouverte aux propositions et des syndicats qui ont su faire front commun. « La coordination CFDT s’est mise en place très rapidement. Les équipes ont dû suivre des formations express ; ce sont des jeunes militants investis et soudés, qui ont remporté les dernières élections dans les CSE du groupe, où nous avons beaucoup progressé ces dernières années. »
Un plan social divisé par deux
Ces efforts ont porté leurs fruits. « Nous avons réussi à diviser par deux le nombre de départs, souligne Jérôme Crespin. Malheureusement, il reste encore 643 postes sur la sellette. Notre signature ne vaut pas validation des licenciements, et l’action syndicale se poursuit. » Saint-Julien-de-Chédon (Loir-et-Cher) est le seul site du groupe menacé de fermeture, et dont le sort est encore en suspens ; des reclassements vers les usines de Nantes et Tarbes sont à l’étude pour une partie seulement de ses 200 salariés. Le site lui-même intéresse une quinzaine de candidats à la reprise, qui se sont déclarés au début novembre. « Nous gardons espoir, la mission du cabinet mandaté est de sélectionner un repreneur qui assure la pérennité de l’emploi »,…