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Extrait de l'hebdo n°3966

Une offensive des milieux conservateurs et patronaux vise à réduire les cotisations et les contributions sociales qui financent la Sécurité sociale, le tout en cinq ans. Selon les projets, il s’agit de supprimer la CSG ou bien les cotisations sociales. L’habillage de ces propositions est habile facialement. Il s’agirait de faire que « le travail paie », quitte à jeter le discrédit sur les cotisations. Ce projet est qualifié de « big bang », comme s’il s’agissait de sortir du néant. Dans les versions les plus abouties du discours, des propositions de financement de remplacement sont mentionnées. Toutes intègrent une hausse notable de la TVA.
Et c’est là que le bât blesse. En effet, pour équilibrer l’opération, l’augmentation de la TVA devra être importante, notamment sur les assiettes les plus larges, celles des biens et des services de consommation courante. Ce prétendu big bang serait une débandade pour la protection sociale, pour les travailleurs et pour les ménages. Il s’agirait, en effet, d’un transfert de charges des entreprises vers les ménages, dont le coût des consommations serait renchéri, et vers les travailleurs, dont la rémunération ne pourrait plus progresser, ce qui est d’ailleurs assumé comme tel ! En effet, la nécessité de diminuer les contributions sociales vise aussi à imposer idéologiquement une hypothèse contestable : il serait impossible d’augmenter le partage de la valeur vers les travailleurs. Alors, pas question, pour les auteurs de ces projets, qu’une hausse des salaires vienne compenser cette augmentation de la TVA dans les années qui la suivraient !
De plus, la TVA est attribuée à la Sécurité sociale au bon vouloir de l’État, qui ne rechigne pas à s’en servir comme levier pour durcir l’accès au droit, par exemple pour les demandeurs d’emploi… et pour garder le plus possible de TVA, surtout en période de tension sur les finances publiques.
Bien sûr, se dire que l’on peut avoir tout de suite 9,2 % de salaire en plus à la fin du mois cela peut faire rêver… Mais cela ne peut se faire au détriment de la Sécurité sociale, au moment où le vieillissement de la population, l’augmentation du nombre de maladies chroniques, la perte d’attractivité des métiers du soin et du prendre soin connaissent une dynamique importante.
Alors, oui, nous devons travailler à l’efficience de notre protection sociale. Et, oui, il nous faut prévoir le financement de nos priorités et lutter contre les dépenses inutiles comme celles liées à la financiarisation de certains secteurs.
Mais cette dévaluation sociale en forme de jeu de bonneteau ne répond à aucun des enjeux de notre Sécurité sociale et pourrait la mettre à mal dans ses fondements que sont la solidarité, la mutualisation et la contributivité. Ne nous laissons pas abuser par ces mirages !