[Dossier 2/3] Tous les secteurs sont touchés abonné

Avec l’explosion du nombre de CDD, l’exception devient la règle. De nombreux secteurs d’activité en usent au-delà de ce qui est prévu par la loi. Les salariés les plus vulnérables en font les frais.

Par Marie-Nadine Eltchaninoff— Publié le 26/03/2019 à 09h04

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Va-t-on vers la fin du CDI ? Pas dans l’immédiat, à en juger par les chiffres. Une écrasante majorité de salariés, plus de 84 %, sont employés en contrat à durée indéterminée, qui reste ainsi la norme de l’emploi. En revanche, les contrats courts gagnent du terrain d’année en année.

Surtout les CDD de moins d’un mois, dont le nombre a triplé depuis 2000. Un phénomène qui inquiète la Commission européenne : « La segmentation du marché du travail est profondément ancrée en France », est-il inscrit dans son rapport d’évaluation publié en février 2018. Il alerte aussi sur un taux de conversion des CDD en CDI qui, « à 11,7 %, reste l’un des plus faibles de l’UE ».

MCugniot toussecteursTous les secteurs d’activité sont touchés, même s’ils ne sont pas tous logés à la même enseigne. « Dans la métallurgie, la part de l’intérim n’augmente pas de façon significative et sert plutôt de phase de prérecrutement », remarque Odile Denis, secrétaire générale adjointe de la CFDT-Métallurgie.

Le discours est un peu plus alarmiste du côté de llien vers le contenu : Agroalimentaire : « Ces dernières années, dans la production agricole, le rapport entre les emplois en CDI et les emplois précaires s’est inversé. Nous sommes passés de 60% de CDI en 2010 à 40% aujourd’hui, souligne Éric Pommageot, secrétaire national à la FGA-CFDT. Nous constatons un effet de substitution. » Cette hausse des CDD est attribuée par la FGA à des mesures d’allégement de cotisations patronales sur les bas salaires, spécifiques à ce secteur et appliquées depuis 2010. Le même effet pervers est d’ailleurs constaté tous secteurs confondus par l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques). Dans un rapport de 2018, l’organisme pointe que « les branches qui ont reçu le plus d’allégements de cotisation ont davantage recouru aux embauches en contrats courts que les autres ». 

Le tertiaire, champion toutes catégories 

Capture d’écran 2019-03-21 à 15.06.05Le médico-social, l’hôtellerie-restauration, le spectacle, la sécurité et la propreté, les instituts de sondage, l’animation ou les services à domicile usent largement des contrats courts. Le contrat à durée déterminée d’usage (CDDU), notamment, a la cote auprès des employeurs : il ne donne pas lieu au versement d’une prime de fin de contrat, il n’est pas limité dans le temps et peut être renouvelé plusieurs fois, permettant la réembauche d’un salarié des années durant, toujours en CDD.

En principe réservé à une trentaine de secteurs éligibles, ce contrat créé en 1982 est aujourd’hui utilisé bien au-delà de ces champs professionnels, souvent en dehors de toute légalité. « Dans l’hôtellerie-restauration, le prétexte de l’activité fluctuante est systématiquement invoqué pour justifier l’embauche des extras, mais dans de nombreux cas, ce sont eux qui font tourner les établissements au quotidien », explique Laurent Bigot, secrétaire général du syndicat CFDT-Hôtellerie Tourisme-Restauration.

La crise a laissé son empreinte sur les habitudes des chefs d’entreprise. « Les employeurs sont restés frileux, ils ont peur d’embaucher et continuent de gérer le personnel à très court terme », argumente Véronique…

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