• La déclinaison territoriale du plan de relance peine à se construire de manière collective.
• Les organisations syndicales sont encore trop peu associées aux décisions.
• Face à une culture jacobine de l’État, la CFDT veut faire entendre son expertise au plus près des territoires.

« En région, la culture du dialogue social progresse, mais il faut se battre pour faire sa place. » Secrétaire générale de la CFDT des Pays de la Loire, Isabelle Mercier ne sait si elle doit voir la bouteille à moitié pleine ou à moitié vide. Car depuis le début de la crise économique, les régions doivent à la fois relayer les décisions prises par l’État et construire leurs propres solutions pour soutenir les salariés et les entreprises – un positionnement compliqué dans un pays où l’État a du mal à faire confiance aux acteurs locaux.
Pourtant, le premier confinement avait impulsé une véritable dynamique, de l’aveu des principaux responsables CFDT dans les territoires. Toutes les régions ont mis en place leur propre conférence sociale qui a permis aux représentants des salariés, des patrons, des politiques locaux et des administrations centrales de se parler et d’échanger des informations. En Centre-Val de Loire, ces acteurs se retrouvent chaque semaine pour faire le point sur la situation économique et sanitaire ; dans le Grand Est, l’option retenue a été de mettre en place trois groupes de travail (« L’expérimentation en région », « La jeunesse et la formation professionnelle » et « Entreprises et dialogue social »), les premières conclusions devant arriver ces prochaines semaines. « Nous ne nous sommes jamais autant parlé ! », résume la secrétaire générale de la CFDT-Bretagne, Lydie Nicol.
Besoin d’un nouvel élan
Mais cette première dynamique semble manquer d’un nouvel élan. À l’heure où les aides aux entreprises (à travers le plan de relance piloté par l’État) commencent à être débloquées, les organisations syndicales peinent de nouveau à obtenir des informations et à se faire entendre. « Nous apprenons par la presse que telle ou telle entreprise a obtenu des aides à l’investissement. Il n’y a pas de volonté de nous associer et de discuter de leur pertinence », souligne Lydie Nicol. Idem en Centre-Val de Loire, où « une entreprise de l’aéronautique en particulier pose de gros problèmes en matière de dialogue social. Alors qu’elle est en plein PSE et ne fait aucun effort pour conserver ses salariés, elle vient de recevoir une aide, s’énerve Gilles Lory, secrétaire général…