Temps de lecture 4 min
Extrait de l’hebdo n°3883
La mobilisation contre la réforme des retraites a eu un effet positif sur la syndicalisation. Oui mais à quel niveau ? Et quelles sont les perspectives pour l’avenir ?

Quel premier bilan peut-on tirer de la mobilisation contre la réforme des retraites en matière de syndicalisation ? Pour répondre à cette question, l’Ajis (Association des journalistes de l’information sociale) organisait, le 10 juillet, une table ronde sur le sujet. « Depuis janvier, près de 50 000 travailleurs et travailleuses ont rejoint la CFDT », rappelait fort à propos Lydie Nicol, secrétaire national en charge du développement. Avec un pic « juste avant et juste après chaque journée de mobilisation », ces nouvelles adhésions sont réparties sur l’ensemble du territoire national… et se révèlent, pour un gros tiers d’entre elles, en rapport direct avec la « mobilisation retraites ».
1. Institut de recherches historiques du septentrion.
1. Centre d’études de l’emploi et du travail.
« À chaque mobilisation collective, qu’elle soit ou non couronnée de succès, on assiste à une forte hausse des adhésions chez tous les syndicats », rappelait d’ailleurs Camille Dupuy, maîtresse de conférences en sociologie à l’Université de Rouen Normandie, chercheuse à l’IRHIS1-CNRS et au CEET1 et spécialiste des syndicats. Quant à savoir auprès de quel syndicat adhérent les salariés lors d’un mouvement intersyndical, la réponse est, selon elle, à chercher au sein de l’entreprise. « Les salariés qui franchissent le pas de l’adhésion lors ce type de séquence ont largement tendance à se tourner vers les organisations syndicales déjà présentes dans leur entreprise et qu’ils côtoient tous les jours. » En cela, l’approche des élections professionnelles reste également un motif non négligeable d’adhésion, note la CFDT dans son analyse des données.
Accueillir et fidéliser
Et c’est d’ailleurs sur les lieux de travail que va se jouer l’avenir de ce boum d’adhésions. Selon Lydie Nicol, « il est désormais indispensable d’accueillir et de fidéliser ces nouveaux adhérents, quitte à bousculer un peu nos habitudes militantes et organisationnelles pour leur offrir la place qu’ils méritent et qu’ils souhaitent prendre ». Marion Edern, consultante CSE, membre du comité de direction de Syndex, insiste pour sa part sur la nécessité « de renouvellement et de montée en compétences des équipes syndicales dans les boîtes alors que le gros du renouvellement des CSE approche et que la cinquième édition du baromètre Syndex sur l’état du dialogue social montre que le quart des élus CSE ne comptent pas se représenter ».