“Chacun est libre d’adhérer à un parti, à condition de ne pas embarquer le collectif CFDT dans ses choix ”

iconeExtrait du magazine n°481

Frédéric Sève est secrétaire national, chargé des relations extérieures (politique et mouvement associatif).

Par Claire Nillus— Publié le 04/03/2022 à 10h00 et mis à jour le 04/03/2022 à 20h47

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© Virginie de Galzain

Quel est le positionnement de la CFDT dans la campagne présidentielle ?

Nous n’avons pas de positionnement partisan. Le rôle de la CFDT n’est pas de dicter leur choix aux électeurs lors des élections politiques, et notamment présidentielles.

De même, nous n’admettrions pas que les politiques s’immiscent dans les élections professionnelles. La neutralité dont je parle ici découle de ce partage entre le syndicalisme et la politique. Cela posé, la CFDT est profondément attachée au fonctionnement démocratique de notre pays, et elle incitera à voter, comme elle l’a fait à chaque élection.

De plus, la campagne présidentielle est une occasion de faire entendre nos revendications. Ce que nous faisons. Mais nous voulons peser sur la campagne, pas sur l’élection. Par contre, la CFDT reste plus que jamais mobilisée pour faire barrage aux partis d’extrême droite, qui ne sont pas des partis comme les autres et représentent un réel péril pour la démocratie.

Le danger vient-il uniquement de l’extrême droite ?

La contagiosité actuelle des idées d’extrême droite est très préoccupante. Elle témoigne de l’affaiblissement des partis politiques. Mais même si certains partis lorgnent du côté des électeurs de l’extrême droite, ils sont aussi travaillés par d’autres courants, d’autres valeurs. Les partis d’extrême droite sont, eux, homogènes et constants. Avec l’extrême droite, nous n’avons pas affaire qu’à un discours dangereux mais à un projet redoutable.

Quelles sont les règles en cas d’engagement en politique des adhérents et militants CFDT ?

La réponse est différente selon qu’il s’agit d’un adhérent ou d’un militant. Les adhérents CFDT sont libres de leurs opinions politiques, et la CFDT salue toute forme d’engagement citoyen. Mais, là encore, il faut séparer ce qui relève du mandat syndical de la sphère du politique. Chacun peut adhérer à un parti, y militer, candidater, à condition de ne pas embarquer le collectif CFDT dans ses choix. En revanche, l’adhésion à la CFDT, organisation qui lutte contre toutes les formes d’exclusion, de discrimination ou de racisme, est incompatible avec la promotion des idées véhiculées par l’extrême droite.

Comment la CFDT va-t-elle s’inscrire dans la campagne ?

La CFDT va interpeller les candidats sur les thèmes qu’elle veut particulièrement mettre en avant : il s’agit, notamment, du travail, du sens du travail et des conditions de travail, du pouvoir d’achat, de la protection sociale. Les candidats (à l’exception de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour) seront conviés à un grand oral à la Confédération, le 10 mars, pour répondre à cette adresse. 

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