« Dans ce milieu, c’est le “pas de vague” qui prime »

Cet enseignant spécialisé remue ciel et terre depuis plusieurs années pour alerter sur les dysfonctionnements affectant l’accueil des enfants scolarisés dans l’institut médico-éducatif dont il est coordonnateur pédagogique. Malgré les difficultés, il ne lâche rien.

Par Emmanuelle Pirat— Publié le 30/06/2023 à 09h00

Olivier Paolini.
Olivier Paolini.© DR

« La discrimination est un délit. Et, en tant que fonctionnaires, nous avons le devoir de le dénoncer. On ne peut pas rester silencieux et être complices du système en y participant. » C’est sur la base de ces principes chevillés au corps qu’Olivier Paolini a osé dénoncer la « sous-scolarisation des enfants en situation de handicap » de l’institut médico-éducatif pour lequel il travaille, dans l’Aude. Une structure qu’il a intégrée en 2009.

Voyant que ces enfants ne bénéficient pas des temps d’enseignement réglementaires, il commence par alerter sa hiérarchie. En vain. Il se tourne alors vers les services départementaux de l’Éducation nationale. Puis l’inspection académique.

Sur les conseils de son syndicat, il contacte le collège de déontologie du ministère de l’Éducation nationale, qui sera la première instance à lui reconnaître le statut de lanceur d’alerte, en février 2022. Puis le Défenseur des droits, qui, au terme d’une longue procédure, lui accordera également la qualité de lanceur d’alerte, en janvier 2023. Il ira même jusqu’à interpeller les rapporteurs spéciaux de l’ONU pour les droits des enfants handicapés. Évidemment, tout ce ramdam n’est pas du goût de l’« écosystème médico-éducatif, censé être garant de l’éducation des enfants, où tout le monde s’est tellement accommodé de la situation que plus personne ne s’en indigne. Dans ce milieu, c’est le “pas de vague” qui prime ».

Les représailles seront féroces : convocations à répétition, interdiction d’assister aux réunions… «On m’a reproché mon manque de loyauté», ajoute-t-il, amer. Alors, et puisque ses alertes répétées semblent insuffisantes pour faire changer les pratiques au sein de l’établissement, il décide de porter plainte devant le tribunal judiciaire de Carcassonne pour discrimination, atteinte à la dignité humaine et détournement de fonds publics. La procédure est en cours.

Actuellement en arrêt maladie, Olivier Paolini a demandé sa mutation. Cependant, ajoute-t-il : «Je veux partir de cet établissement en ayant été au bout de mon alerte. Que les responsabilités soient établies. Et j’aimerais que mon combat serve à d’autres, qui vivent aussi des situations difficiles mais n’osent pas parler.»